« Apprendrez-vous jamais à ne pas regarder en arrière ? A ce petit jeu, il y en a qui se changent en statues de sel », Cocteau, Orphée, 1926.
Jean COCTEAU (1889 – 1963)
Assiette « Orphée jardinier »
Plâtre
29 cm (diamètre)
Maubeuge, Musée Henri Boëz
Jean Cocteau est écrivain et artiste. Auteur de plusieurs pièces de théâtre, il a entre autres revisité le mythe d’Orphée en écrivant une pièce de théâtre, Orphée (1926). Inspiré par ce mythe du musicien amoureux prêt à braver les Enfers pour sauver sa bien-aimée, personnage auquel il s’identifie dans la pièce, il a également réalisé des dessins et des objets, comme cette assiette.
Ici, un visage semble émerger des plantes et nous fixer. Dans la pièce écrite par Cocteau, le miroir est central puisqu’il constitue une porte vers les Enfers. On peut voir ici une référence à ce miroir dans la symétrie parfaite du motif, une moitié du visage étant le reflet parfait de l’autre. Les rares points de peinture permettent de souligner une bouche chantante, un nez, des yeux et une étoile, située au sommet du visage. Cette étoile peut symboliser le génie créatif par exemple.
Mais cette œuvre est-elle un portrait d’Orphée ? Ou un auto-portrait de l’artiste ? La tragique histoire du poète Orphée, descendu aux Enfers pour retrouver son Eurydice et condamné à chanter sa peine de l’avoir perdue pour l’éternité, a beaucoup inspiré les artistes. Le mythe de l’artiste maudit, très en vogue au XIXe siècle, a été largement nourri par cet épisode mythologique : face à la mort, même l’art ne peut rien et l’artiste est condamné à rester impuissant.