Se méfier de l’eau qui dort !
Alphonse Osbert (1857 – 1939)
Muse endormie
Fusain et crayon blanc sur papier
26 x 35 cm
Maubeuge, Musée Henri Boëz
Alphonse Osbert est connu pour l’univers onirique qu’il a créé. Représentant du symbolisme français, il peint des sujets mythologiques peuplés de personnages majoritairement sans visage, nymphe ou muse notamment. Ses créations reflètent souvent une impression de mystère rendue par une lumière presque irréelle. Les crépuscules sont souvent présents dans son œuvre, puisqu’ils possèdent cet aspect d’entre-deux indéfinissable, une lumière « entre chien et loup ».
Ici, il s’agit d’une esquisse pour un sujet qu’il a plusieurs fois étudié : le thème de la muse endormie. A demi assise, une jeune femme, vêtue d’un simple drapé, s’étend sur un rocher et se cache le visage de ses bras. Le paysage autour d’elle semble paisible et se fait l’écho de son état : le soleil se couche sur une mer calme, laissant entendre un silence propice au sommeil. Le fusain fournit une présence vaporeuse à cette figure et à ce paysage, évoqués en quelques coups de crayon.
En quelques traits, Osbert parvient à traduire un sentiment : tout dans ce dessin inspire le calme et le repos. Même le fusain utilisé et la technique le traduisent : les traits sont délicats et légers. On imagine aisément l’état d’apaisement dans lequel le créateur lui-même devait se trouver au moment de la création.
Le symbolisme est un mouvement qui a touché tous les arts : peinture, poésie, théâtre, … Toute l’Europe se met à l’heure symboliste à la fin du XIXe siècle. Le mouvement se concentre sur la notion de symbole, c’est-à-dire sur l’idée qu’un objet, un personnage, une scène peut représenter une idée, un sentiment ou encore un état d’esprit. Il s’agit ainsi de représenter une chose invisible ou impossible à formuler. Par conséquent, il est souvent complexe de comprendre des œuvres symbolistes, qui auront parfois un sens différent pour chacun.