Cachez ces larmes que je ne saurais voir !
Maître du Fils Prodigue (attribué)
Piéta
vers 1550
Huile sur bois
101,5 x 68,5 cm
Maubeuge, Musée Henri Boëz
Il s’agit d’une peinture réalisée à l’époque de la Renaissance flamande.
La Renaissance flamande se déroule au XVIe siècle et a la ville d’Anvers pour centre géographique. Il s’agit d’un siècle au cours duquel les peintres flamands assimilent de nouvelles techniques et les innovations stylistiques italiennes ramenées par des artistes faisant des voyages en Italie. Jan Gossaert, dit Mabuse, peintre originaire de Maubeuge, est l’un des premiers à faire ce voyage et à intégrer des sujets antiques dans sa peinture.
Ici, le sujet, celui de la Vierge pleurant la mort de son fils, est traditionnel mais le cadrage resserré sur le buste des personnages permet d’accentuer l’émotion : le spectateur est plus proche, les figures sont presque à taille réelle, le corps du Christ est palpable ainsi que ses blessures. L’innovation de la peinture à l’huile permet un travail précis des matières : les cheveux du personnage à droite et le voile de la Vierge semblent peints en trompe l’œil. Cette technique permet également de souligner le pathos de la scène : les larmes de Marie apparaissent comme s’il s’agissait réellement de gouttes d’eau.
La Renaissance flamande est entre autres marquée par un changement dans la technique des artistes. En effet, jusqu’alors, les pigments colorés sont mélangés à différents liants afin de créer une pâte et d’en permettre l’adhésion sur la toile. Pour la majorité des techniques, l’artiste avait pour habitude de peindre d’abord avec les couleurs les plus sombres, pour progressivement apposer les couleurs claires en « surface ». La peinture à l’huile, quant à elle, permet de créer une peinture beaucoup plus fluide, translucide même. Aussi, il s’agit désormais de préparer le support – bois ou toile – avec une couche d’apprêt très claire et de progressivement apposer les différentes couleurs en couche très fines. Les couleurs les plus sombres apparaissent en dernier, lorsqu’il y a de nombreuses couches superposées. Ainsi, toute la peinture reste très lumineuse. Les virtuoses de cette technique restent les frères Van Eyck, qui ont atteint un niveau de précision bien connu dans leurs peintures.