La Divine Comédie

« Son crayon vertigineux crée, en se jouant, ces déviations insensibles qui donnent à l’homme l’effroi du spectre, à l’arbre l’apparence humaine, aux racines le tortillement hideux des serpents, aux eaux de sinistres miroitements d’acier… ».

Théophile Gautier, Moniteur universel, 1861

Gustave DORÉ (1832-1883)
La série : L’Enfer, le Purgatoire, le Paradis 1861-1968
Gravure sur bois
Maubeuge, Musée Henri Boëz

Gustave Doré est illustrateur, caricaturiste, peintre, lithographe et sculpteur français né en 1832 et mort en 1883. C’est un artiste touche-à-tout qui s’épanouit dans différents genres et formats, des dessins humoristiques aux toiles religieuses monumentales. Alors qu’il a une trentaine d’années, Gustave Doré souffre de la dévalorisation des caricatures et des dessins d’actualité dans lesquels il s’épanouissait et souhaite désormais déployer son talent dans un genre plus prestigieux, la littérature. Sa carrière atteint alors son apogée lorsqu’il réalise des illustrations de chefs-d’œuvres littéraires tels que les Contes de Perrault, les romans de Shakespeare ou la Divine Comédie de Dante. Gustave Doré est particulièrement inspiré par les chefs d’œuvres du romantisme, qui s’épanouit en Europe depuis la fin du XVIIIe siècle et en reprend ainsi les leitmotivs, tels que les paysages tourmentés, les ruines ou encore les personnages mélancoliques.

L’illustration de la Divine Comédie de Dante est un travail colossal qui occupe Gustave Doré de 1861 à 1868 et qui le hisse au devant de la scène artistique parisienne. Il réalise en effet une série de 135 estampes, représentant successivement l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, les trois règnes supraterrestres, développés par l’Église catholique romaine et repris dans l’ouvrage emblématique de Dante Alighieri, un penseur, écrivain, poète et homme politique italien considéré comme le « père de la langue italienne ». La Divine Comédie est un long poème composé entre 1303 et 1321 et divisé en trois parties : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, comprenant chacun 33 poèmes narrant un voyage à travers ces trois règnes supraterrestres. Dans le premier cycle, le poète raconte à la première personne son voyage dans les neuf cercles de l’Enfer en compagnie de l’auteur antique Virgile. Le second cycle est consacré à la découverte du Purgatoire, un mont composé de sept strates correspondants aux sept péchés capitaux, parcouru par les âmes repenties des défunts. Enfin, le Paradis est l’aboutissement de ce voyage, où la muse de Dante, Béatrice, le conduit à jusqu’à l’Empyrée, la demeure de Dieu et des anges.

Issues d’un travail de collaboration entre un artisan graveur et Gustave Doré, ses planches suscitent l’imagination par la tension dramatique suggérée par les âmes torturées, les créatures, les arrières-plans ténébreux et la noirceur chromatique, contrastant parfois avec de subtils rehauts de blancs. Cet ouvrage constitue ainsi un terreau particulièrement fertile à l’imaginaire déjà obscure de l’artiste et ses visions de l’Enfer continuent d’ailleurs à marquer les esprits.

Le paradis

L'enfer

Le purgatoire

Terza Rima, composition : Michèle Reverdy, harpiste : Anna Loro, flûtiste : Andréa Oliva.  ©Tous droits réservés
Droits photo : ©Ville de Maubeuge 
Droits audio : ©Ville de Maubeuge