L’éternelle question de l’artiste et de son modèle !
Paul-Edouard ROSSET-GRANGER (1853 – 1934)
Le repos du modèle
1899
Huile sur toile
76,5 x 60 cm
Maubeuge, Musée Henri Boëz
Edouard Rosset-Granger est un peintre né à Vincennes qui a étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et auprès d’Alexandre Cabanel. En 1917, il épouse Christa-Adèle Dehaye, dite Marcelle, originaire de Hautmont. C’est grâce à cette dernière que quatre œuvres de l’artiste se trouvent aujourd’hui dans les collections du musée de Maubeuge, dont cette peinture.
Ici, l’artiste peint son épouse, dénudée, de dos. Celle-ci est assise au milieu de draps ou de vêtements, accoudée, une écharpe en fourrure l’entourant et les cheveux négligemment relevés en chignon. Peindre d’après un modèle nu est une étape importante de l’apprentissage d’un peintre, les séances de poses sont des cours à part entière à l’Ecole des Beaux-Arts. Mais ici, Rosset-Granger a 46 ans, il n’est plus un jeune apprenti qui peint un ou une inconnu(e) mais bien un époux qui peint sa femme.
Au-delà de cette question, le travail sur la représentation de la chair est également très présent : les Impressionnistes sont passés par là, quelques années auparavant, et l’artiste leur emprunte leurs ombres légèrement bleutées qui donnent vie à la carnation. Ces ombres bleutées sont bien plus réalistes que si l’artiste avait utilisé du noir ou du gris qui auraient trop tranché avec la carnation. Rosset-Granger livre donc une œuvre d’une grande finesse mais qui n’a jamais été exposée. Il s’agissait probablement d’une œuvre intime que Marcelle a conservée jusqu’à la fin de sa vie.
La relation de l’artiste et de son modèle a suscité beaucoup de curiosité et d’interrogations. En effet, il n’est pas rare, au XIXe et au XXe siècle notamment, qu’un artiste épouse l’une de ses modèles, ces romances alimentant de nombreux romans.
Une fois mariés, les peintres faisaient bien souvent poser leur compagne, par souci de praticité. Poser pour un artiste demande une grande patience et une certaine immobilité et plusieurs épouses d’artistes ont fait part de la pénibilité de cet exercice. C’est la raison pour laquelle, les artistes représentent souvent leurs modèles en train de lire ou dans des occupations du quotidien, posant leur chevalet pour capturer un moment de vie.
Découvrir :
La Loge par Paul-Edouard ROSSET-GRANGER