4, rue Georges Paillot, Maubeuge
La salle Sthrau, le renouveau de l’Art déco !
Edifiée en 1624, la salle Sthrau était à l’origine la chapelle de l’ancien collège des Jésuites. Elle servait de lieu de culte aux religieux établis dans le collège voisin. Elle est par la suite désacralisée durant la Révolution française et est rebaptisée du nom d’un petit tambour alsacien nommé Sthrau, héros de la bataille de Wattignies en 1793. Tout au long du XIXe siècle, de surprenantes affectations lui ont été attribuées : écuries, salle de bal ou encore salle de récréation.
En 1914, alors qu’elle accueille le musée de Maubeuge, une bibliothèque ainsi qu’une salle de musique, la salle Sthrau est gravement touchée par les bombardements allemands. Le bâtiment est presque entièrement détruit : seuls subsistent les murs extérieurs et le pignon.
En 1925, les architectes Jean et Henri Lafitte reconstruisent l’édifice et en font une somptueuse salle des fêtes, dans un style Art déco. Organisée sur deux niveaux dans le but d’accueillir une salle de musique ainsi qu’une salle de bal, elle dispose de vestiaires, d’un bar, de salons de jeux et de loges pour les artistes.
Inscrite à l’Inventaire des Monuments historiques, elle est fermée pour raison de sécurité en 1997, puis réhabilitée progressivement jusqu’en 2018, année de sa réouverture au public.
Un important contraste est présent entre l’extérieur et l’intérieur de l’édifice. En effet, l’architecture extérieure de la salle conserve l’aspect austère de la chapelle originelle et reste fidèle au style gothique. Elle est construite en briques et en pierres bleues et constitue un exemple marquant de la période ogivale, c’est à dire en forme d’arc aigu.
La reconstruction des années 1920 crée ainsi un contraste entre l’aspect religieux extérieur et l’aspect festif d’une salle de spectacle. Les architectes Jean et Henri Lafitte décident de diviser l’ancienne chapelle dans la hauteur afin de créer deux niveaux. Pour cela, ils utilisent un matériau courant et économique : le béton armé.
L’entrée de la salle se fait en passant par un vestibule qui donne accès au rez-de-chaussée à la salle de musique. Celle-ci est décorée d’un plafond à caissons en stuc ainsi que de murs cannelés, permettant, outre l’aspect esthétique, de conférer à la salle une meilleure acoustique. La salle de musique présente différentes peintures mettant en scène des musiciens.
L’escalier ornemental, tournant à double volées symétriques, donne accès à l’étage supérieur. Il est orné de nombreux détails en fer forgé qui accompagnent le visiteur au fil de son ascension.
Les murs des cages d’escaliers sont enduits de stuc et sont gravés. Ils présentent un joueur de lyre et une danseuse se faisant face, en écho aux deux fonctions de la salle.
La salle de bal, située au premier étage, reprend le plan de l’ancienne chapelle. Elle s’achève en abside, est couverte d’un plafond à fond vitré d’une coupole en verre et de voûtes en berceau.
Les parois nord et sud sont décorées de deux peintures murales datées de 1927 et représentant la fête de la Libération du 23 février 1749 et le Cortège Mabuse, fête annuelle donnée en l’honneur du peintre Jean Gossaert et encore en usage aujourd’hui.
Depuis sa réouverture, la salle Sthrau a retrouvé sa vocation culturelle et artistique, accueillant une part importante de la programmation culturelle municipale : spectacles, concerts, animations et expositions y sont régulièrement programmés.
Elle héberge également la Micro-Folie, dispositif présentant les reproductions numériques des œuvres des grands musées nationaux et internationaux, et le dispositif Muse proposant aux familles et aux plus jeunes une découverte immersive de l’histoire de l’art.
Jean et Henri Lafitte sont deux architectes français qui ont participé à conception de différents bâtiments de la ville de Maubeuge. Jean est né en 1853 et décède en 1928. Son fils, Henri est né en en 1888 et decède en 1966. Père et fils ont participé à l’élaboration des plans d’autres bâtiments maubeugeois, notamment l’Ancienne Banque de France, le Conservatoire ou encore les bureaux Sculfort.
